Nos huit conseils de mise en page

MesdamesDuc
8 min readDec 18, 2016
Cet article fait partie d’une série intitulée “Melody : Objectif papier”.

La mise en page de votre livre c’est ce qui permet à vos lecteurs de lire confortablement. Autant dire qu’une mise en page soignée est essentielle.

Avant toute chose, une bonne mise en page n’est pas une question d’outil, mais de norme. Nous n’allons donc pas nous amuser à détailler les techniques et configurations des logiciels de mise en page, mais bien énumérer les règles essentielles à respecter.

Que vous utilisiez Word, Page, Indesign, Libre Office, Ulysse, LaTeX ou tout autre outil, la qualité finale de votre mise en page sera la même et elle doit être irréprochable.

C’est un des reproches récurrents à l’auto-édition… Le non-respect des règles de l’édition — règles étudiées spécialement pour améliorer le confort de lecture — donnera un côté amateur à votre livre, peu importe l’histoire qu’il y a dedans.

Comment offrir un rendu pro à votre livre et vos lecteurs ? Voici nos 8 conseils et notre retour d’expérience. Nous n’ayant aucune formation dans le domaine de l’édition, tout ceci n’est que bon sens et tests empiriques. Il ne s’agit pas d’une vérité absolue.

Règle n°1 : Laissez respirer vos premières pages

En bref :

  • Laisser une double page vierge au tout début du livre
  • Indiquer la maison d’édition/la collection au recto de la seconde page, verso vierge.
  • Page de titre, au recto de la troisième page, verso pour les mentions légales (on y reviendra)
  • Pages de préface, cartes ou tout autre élément permettant d’amener un contexte au contenu du livre, toutes séparé par un verso vierge.

Comment ça ? Trois pages, minimum, avant même de commencer l’histoire ? !

Votre livre n’est pas un rapport de stage ni une thèse : vous devez accompagner votre lecteur jusqu’à votre histoire. Évitez, de fait, de lui balancer votre titre dès la première page. Déjà, ça fait pingre (plus le livre à de pages, plus il coûte cher à produire, plus il coûte cher à expédier), mais en plus c’est violent pour le lecteur.

Pour faire l’analogie avec une séance de cinéma, un film commence à partir du moment où les lumières s’éteignent progressivement dans la salle. Le noir dure un instant, puis la séquence avec le nom du producteur du film apparaît. Et, enfin, l’histoire commence.

C’est presque un rituel mais c’est un rituel nécessaire à établir tous les contrats implicites que vous allez passer avec votre lecteur. Lecteur, tu rentres dans une fiction, dans un univers, dans un propos, bienvenue, prend ton temps, installe-toi confortablement.

Voici l’illustration avec Melody, huit ans, deux vampires et l’apocalypse :

N’ayant pas de maison d’édition nous avons-nous opté, pour la seconde page, pour le nom du cycle auquel appartient Melody, huit ans, deux vampires et l’apocalypse : « La Fédération des Enchanteurs »

Il s’agit ici d’une proposition, il y a moult variations possibles (titre simple sur la première page, éditions sur la seconde, page de titre complète sur la troisième, livres de la même collection, préface, cartographie, bio de l’auteur… etc., etc.

Encore une fois, l’idée générale est de ne pas bazarder votre lecteur directement dans votre livre.

Règle n° 2 : Un chapitre commence toujours sur la page de droite.

Oui, oui, toujours sur une page de droite et jamais au dos d’une fin de chapitre. Même si cela laisse une page blanche à gauche.

Cela permet au lecteur de retrouver facilement un chapitre en feuilletant le livre. Et, comme pour les pages blanches du début, votre roman respire, vous ne passez pas pour un radin et tout le monde s’y retrouve.

[edit : On a eu beaucoup de retours sur ce point, qui pointent des maisons d’éditions qui ne respectent pas cette règle. C’est vrai. À nouveau, il s’agit de conseils ;)]

Règle n°3 : Attention aux marges décalées

Un livre, l’objet, est relié. La reliure prend de la place et, selon l’épaisseur du livre, la courbure des pages va mordre sur votre texte. Pour éviter cela, vous devez faire varier la taille des marges à l’intérieur. Il ne suffit pas de dire que la marge à droite est plus large, mais bien de préciser que la marge de droite sur les pages de gauches est plus grande et que, inversement, la marge de gauche sur les pages de droites est plus grande. On parle de marges intérieure et extérieure.

Ici, la page 5 est une page de droite et est reliée à gauche. La marge intérieure est donc plus large que la marge extérieure. À l’inverse, la page suivante, qui sera au verso de la page 5, inverse les deux marges.

Il existe des règles pour anticiper la taille de ces marges. Dans notre cas, nous l’avons fait de façon empirique, au fil de nos impressions de test.

Règle n°4 : Choisir sa typographie avec soin

Prenez le temps de tester plusieurs typographies pour sélectionner celle qui convient le mieux. Pour le corps de texte, restez sobre, il faut que la lecture soit simple et confortable. Exit, donc, Comic Sans MS ou toute fausse écriture manuscrite.

Dès lors, le seul choix restant sera celui de l’empattement.

L’empattement est un héritage du temps où l’écriture était uniquement manuscrite. La main, dans le mouvement pour lever la plume de la feuille et passer au caractère suivant, laisse naturellement de petites taches, en bas des lettres. L’imprimerie a repris ce code et il est resté. Cependant, aujourd’hui, avec le numérique, nous avons un très large choix de typographies, du très empâté (serif), jusqu’à des lettres sans aucun empattement (sans-serif).

C’est une question de goût et de confort de lecture qui est à votre entière discrétion. Disons que les typographies empâtées évoquent plus le support papier et les typographies sans empattement évoquent plus le support numérique. Mais il n’y a pas de règle absolue, loin de là.

Nous avons choisi le jeu de typographique Lora, une typo open-source, mise à disposition par Google via sa plateforme Google Fonts. Tests à l’appui, nous l’avons jugée lisible et élégante. Attention cependant à choisir une typographie dont le jeu comporte du gras et de l’italique. Vous pouvez en avoir besoin dans votre livre.

Enfin, nous avons choisi de marquer une nette différence entre le récit et les avant-propos et post face. Dans ces derniers passages, nous interpellons le lecteur, pour nous présenter, présenter la série, présenter notre démarche, notre projet. Le changement de typographie pour une police sans empattement (Roboto) permet de signifier très clairement : ici, il ne s’agit plus de fiction.

Ça n’est pas une pratique très courante : ce choix est motivé et conscient. Il fait directement référence au fait que la majorité de notre travail s’effectue sur internet, en numérique.

En règle générale, mieux vaut n’utiliser qu’une seule et unique typographie (hors couverture, mais on y reviendra).

Règle n°5 : Placer la table des matières à la fin

La table des matières ne se met pas (ou peu) au début du livre, mais à la fin. Pour nous, il y a deux raisons à cela :

Les spoilers

En lisant les titres des chapitres, vous pouvez deviner la suite du livre, voire annuler tout effet de suspens.

Est-ce que Alfred, chevalier au service du peuple, va mourir dans la scène d’action ? Oui… J’ai vu plus tard qu’il y avait un chapitre “L’enterrement d’Alfred”…

Pas génial, comme effet ;)

Amazon n’aime pas les tables des matières en début de livre

Éloignons-nous un instant de l’impression pour parler livre numérique…

Si vous comptez publier un e-pub de votre livre et le mettre sur Amazon, disponible à la lecture pour tous les utilisateurs premium, mettre le lien vers chacun de vos chapitres en début de roman peut (ou pourra à l’avenir) vous poser problème. En effet, si quelqu’un clic sur le lien pour se rendre au dernier chapitre, Amazon enregistrera qu’il a lu votre livre jusqu’à la fin. Ce qui signifie que vous serez payé plus (bonne nouvelle).

Cependant, Amazon a déjà eu quelques problèmes avec des petits malins qui en ont fait un business. Toute incitation à arriver à la fin du livre en un clic peut donc être considérée comme de la triche, de la fraude, et les robots Amazon suppriment les livres sans se poser de question (mauvaise nouvelle).

Règle n°6 : Laissez respirer vos dernières pages

Il y a un peu de déjà vu dans ce conseil, mais à l’instar des premières pages de votre livre, la dernière page doit être en grande partie vierge car vous devez y inclure des informations légales importantes (on y reviendra ;) )…

Il serait maladroit de les noter sur la même double page que le point final de votre récit (ou la table des matières).

Donc, dernière page, quoi qu’il arrive : recto blanc, verso mentions légales.

Règle n° 7 : Soyez cohérents

La norme et les règles sont toujours bonnes à être questionnées avec intelligence.

Vous pouvez tout à fait adapter ces conseils à votre sauce, ils ne sont pas immuables et si votre mise en page et votre découpage apportent du sens à votre récit, alors ne vous privez pas. Le tout est d’être cohérent : quand vous commencez avec une règle, conservez là jusqu’à la fin du livre.

Vous voulez laisser une page blanche entière entre chaque chapitre ? Aucun problème. Le tout, c’est de garder ces normes en tête de savoir pourquoi vous y dérogez (et dans l’idéal, que ce pourquoi ne soit pas « dans un souci d’économie » ;) ), et de s’y tenir.

Par exemple, nous avons une nouvelle, intitulée Camil., qui prend la forme d’un court journal écrit par le personnage principal. La page de droite, la page de gauche… rien n’est respecté car nous souhaitons que la mise en page se rapproche le plus possible du format carnet.

Règle n° 8 : Votre bibliothèque vous aidera

En cas de doute, consultez votre bibliothèque. Trouvez un livre dont le format se rapproche du votre et étudiez-le, mètre mesureur à l’appui, si il le faut. Puis, sélectionnez un second livre, et recommencez. Puis, copiez.

Oui, copiez. Pas le texte, copiez les règles. Apprenez par l’étude et l’expérience. Apprenez en faisant.

Nous espérons que cette série d’articles vous est utile ! N’hésitez pas à nous laisser un tip !

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